Les médecins américains ont la main lourde lorsqu’il s’agit de prescrire des médicaments ou des examens d’imagerie à leurs patients souffrant de maux de tête, dénoncent les auteurs d’une étude publiée dans le Journal of General Internal Medicine, rappelant que les approches non médicales telles que la gestion du stress et l’évitement des aliments déclencheurs de migraines restent le traitement de première intention.

Trop de médicaments et d'examens inutiles sont prescrits aux patients souffrant d'un mal de tête.

Chaque année aux Etats-Unis, plus de 12 millions d’Américains consultent leur médecin pour une

céphalée. Outre le préjudice sanitaire, ces maux de tête se traduisent par une perte de productivité et des coûts évalués à 31 milliards de dollars.Constatant une tendance à la hausse des prescriptions d’examens d’imagerie et de médicaments, et au renvoi plus systématique vers des spécialistes, John N. Mafi, chercheur en médecine générale au Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC), a voulu évaluer l’ampleur de ce phénomène aux Etats-Unis.Opioïdes et barbituriques prescrits dans 18 % des casAvec ses collègues, il a examiné les données issues de plus de 9 000 consultations médicales entre 1999 et 2010 ; l’analyse montre une sur-prescription constante des examens d’imagerie ainsi que des opioïdes et des barbituriques (estimée à 18 % de l’ensemble des médicaments prescrits), et, à l’inverse, une baisse du temps consacré aux conseils d’hygiène.La consommation de

paracétamol et d’

anti-inflammatoires non-stéroïdiens (tels que l’

ibuprofène) en traitement de la migraine est restée stable à environ 16 % de l’ensemble des médicaments, tandis que l’usage des

antimigraineux tels que les

triptans ou les alcaloïdes de l’ergot de seigle (comme l’

ergotamine) a progressé de 9,8 à 15,4 % sur la période observée.Seul point encourageant, les thérapies préventives (les anticonvulsifs, les

antidépresseurs, les

bêtabloquants ou encore les inhibiteurs calciques), qui figurent dans les recommandations, ont elles aussi progressé, passant de 8,5 à 15,9 %.La prescription de

scanners et d’

IRM est quant à elle passée de 6,7 % en 1999 à 13,9 % en 2010, avec une croissance d’autant plus forte qu’il s’agissait de patients présentant des symptômes aigus de céphalée.Apprendre à gérer son stress reste le traitement de première intentionFace à un mal de tête “simple“, l’Académie américaine de neurologie recommande pourtant en première intention de recourir à des traitements dits conservateurs tels que des conseils sur la gestion du stress et l’alimentation, rappelle le principal auteur de l’étude. Il ajoute que lors d’une consultation, l’évaluation du mal de tête consiste avant tout à écarter une pathologie sous-jacente grave.“Malgré la publication de nombreux guides de bonne conduite et recommandations pratiques, les médecins demandent de plus en plus d’examens d’imagerie et adressent plus fréquemment leurs patients à des confrères spécialistes, mais délivrent, à l’inverse, de moins en moins de conseils d’hygiène de vie“, souligne l’auteur de l’étude.Scanner et IRM non indiqués dans 62 % des casEn 2010, une étude publiée dans l’American College of Radiology avait mis en évidence que 62 % des scanners de la tête et du cerveau n’étaient pas indiqués au regard des recommandations, et dans la plupart des cas, ces examens étaient prescrits pour des céphalées chroniques.Des examens qui ne sont pas sans conséquences, notamment psychologiques, engendrant de l’anxiété chez les patients et pouvant à leur tour conduire à des examens plus approfondis.“Ces résultats semblent refléter une tendance globale du système de soins aux Etats-Unis, qui va au-delà du seul mal de tête : les médecins ultra-pressés semblent passer de moins en moins de temps avec leurs patients, mais de plus en plus à prescrire examens et traitements“, se désole John N. Mafi.Amélie PelletierSource : “BIDMC Study Suggests Worsening Trends in Headache Management“, communiqué du Beth Israel Deaconess Medical Center (lire sur le site du 

BIDMC).