Une nouvelle étude ayant comparé les effets de la chimiothérapie et ceux de l’hormonothérapie sur la qualité de vie des patientes atteintes de cancer du sein montrent que contrairement à ce que beaucoup pensent, l’hormonothérapie aurait plus d’effets négatifs dans certains cas.
L’
hormonothérapie est de plus en plus plébiscitée contre le
cancer du sein. Son efficacité a été prouvée dans les cas de cancers hormono-dépendants, ce qui représente 75% des cas de cancers du sein. Face à ce recours plus fréquent et à la recommandation internationale de prescrire une hormonothérapie pendant 5 à 10 ans, le Dr Inès Vaz-Luis, oncologue spécialiste du cancer du sein et chercheuse à l’Institut Gustave Roussy a souhaité comparer l’impact de l’hormonothérapie et de la
chimiothérapie sur la qualité de vie des patientes. Et, selon les résultats de son étude, révélés le 8 octobre 2019, il semblerait que contrairement à ce qui se dit, l’hormonothérapie aurait plus de conséquences négatives que la chimiothérapie, surtout chez les femmes ménopausées.
Un effet négatif sur l’observance des femmes au traitement “La détérioration de la qualité de vie, qui se déclare au diagnostic, persiste deux ans après alors que l’impact de la chimiothérapie est plus transitoire”, explique le Dr Vaz-Luis. Au cours de l’étude, les chercheurs ont évalué la qualité de vie de 4 262 patientes atteintes d’un cancer du sein localisé depuis le diagnostic. Certaines ont subi une chirurgie, d’autres une chimiothérapie et/ou une radiothérapie et 75 à 80% d’entre-elles ont ensuite suivi une hormonothérapie pendant au moins 5 ans. “L’équipe de recherche a utilisé un outil qui évalue la qualité de vie générale des patients atteints de tout type de cancer couplé à un outil de mesure plus spécifique de la qualité de vie dans le cadre du cancer du sein.”Si la qualité de vie s’est dégradée pour la totalité des patientes, deux ans après le diagnostic, la détérioration s’est révélée plus importante chez celles ayant subi une hormonothérapie, surtout chez les femmes ménopausées. Chez les autres, c’est la chimiothérapie qui s’est avérée plus impactante, “sur les fonctions cognitives” particulièrement. Au vue des résultats, “à l’avenir, il sera aussi important de parvenir à identifier avant traitement les patientes à haut risque de rechute de celles à plus faible risque. Cela permettra d’éviter l’escalade des traitements antihormonaux”, conclut le Dr Vaz-Luis avant de préciser “la description d’une mauvaise tolérance ne remet en aucun cas en cause l’excellent rapport bénéfice/risque de ce traitement”. Une meilleure personnalisation des soins permettant de réduire l’impact sur la vie est d’autant plus importante qu’il peut avoir une effet négatif sur l’observance des femmes au traitement.