Dans chaque exemplaire de 20 Minutes, vous retrouvez désormais un feuilleton écrit par la team Rocambole. Rocambole, c’est l’app (Android, iOS) sur laquelle vous êtes déjà plus de 60.000 à aimer lire tous les jours ! Elle propose des histoires 100 % exclusives, en épisodes de 5 minutes, sur votre smartphone.

Dans « Le Pacte », écrit par Emily Chain et Anaël Verdier, quatre amis se font la promesse de tout faire pour réaliser leur rêve. Si vous avez raté le début, rendez-vous sur notre site ou téléchargez l’app Rocambole ! Voici les épisodes de la semaine du 28 juin pour celles et ceux qui les ont ratés…

Épisode 15 – Voyage en Sibérie

— T’es prêt ?

Samia jette un regard distrait à David qui acquiesce en silence, crispé par le stress. Sa propre joie d’un weekend à la maison familiale est grignotée par son appréhension. Tout ça va très vite. Ça lui plaît, mais le regard que les autres posent sur elle l’agace. La porte s’ouvre. C’est sa sœur, qui a fait le trajet pour la soutenir.

— L’ambiance est glaciale, annonce-t-elle sans préambule, puis ajoute à l’attention de David: c’est toi la victime sacrificielle ?

— Arrête, il est assez tendu comme ça, la reprend Samia sans pouvoir retenir un sourire.

Elle est reconnaissante que sa sœur soit là, elle a le don de détendre leurs parents.

Ils sont assis, raides comme des piquets, dans la cuisine. Ils ne se lèvent même pas quand Samia et David entrent – bonjour l’accueil !

— Voilà… annonce-t-elle en se sentant gauche, c’est David.

Son père se force à faire la conversation. Questions banales: ce qu’il fait dans la vie, s’il a des hobbies. David répond laborieusement. Samia regarde tout ça comme de l’extérieur. Le silence de sa mère dit toute sa désapprobation. La table est vide. Aucune odeur de cuisine dans l’air.

— Ils n’ont rien préparé ? articule-t-elle en silence à l’attention de sa sœur, qui répond d’un mouvement de tête : Non.

Au bout d’une demi-heure de torture, elle n’en peut plus.

— On peut manger en ville à cette heure ?

Sa sœur saisit la balle au bond :

— Je connais un endroit.

Samia embrasse ses parents.

— Ne nous attendez pas pour aller dormir.

Épisode 16 – Au jour le jour

Carole, la conseillère d’Antoine, vient de lui dégoter une nouvelle mission de presque un mois : remplacer une secrétaire médicale. Il savait que cette formation lui servirait un jour. Bien qu’il n’ait aucune ambition professionnelle, Antoine adore rajouter des cordes à son arc avec des diplômes. Il devient ainsi le plus polyvalent des intérimaires chez ses partenaires. Lui trouver un emploi ne relève pas du parcours du combattant selon ses conseillers et il aime ça.

Il est en avance pour débuter sa journée. Un cabinet médical qu’il connaît bien. Éva, sa collègue pour les prochaines semaines, le salue et ils rentrent ensemble dans le bâtiment.

— Tu n’as pas idée de tout ce qui a changé depuis ton dernier passage !

Éva est toujours mélodramatique et Antoine minimise son avertissement jusqu’au premier appel. Un patient effrayé d’avoir… un cancer du sein.

— Bonjour monsieur, comment puis-je…

L’inconnu le coupe :

— Je dois faire : échographie, mammographie et… chérie, tu as fait quoi ?… Ah oui, biopsie !

— Monsieur, je ne pense pas….

— On ne vous paye pas pour penser, s’agace-t-il. Nous avons lu qu’il y avait des bactéries mises par le gouvernement dans l’eau et ma femme a attrapé le cancer comme ça. Je n’ai pas envie de mourir, moi, monsieur !

Antoine écarquille les yeux. Éva rit.

— Je t’avais dit, les gens ont changé depuis le temps. 5G dans le sang…

— Cancer dans l’eau, souffle-t-il.

— Les patients arriveront toujours à nous surprendre !

Antoine sourit. C’est pour ça qu’il aime son job. À chaque jour ses nouveaux défis.

Épisode 17 – La joie d’écrire (ou pas).

Assane termine à peine sa présentation que le petit groupe se met à le saluer comme dans une réunion d’alcooliques anonymes :

— Bonjour Assane.

 Ils viennent de tous horizons et cela l’étonne. Il croyait trouver des personnes comme lui, professeurs ou du milieu des lettres. Ils sont petits, grands, gros, maigres, originaires du nord ou du sud, patrons, salariés, fonctionnaires, indépendants… Le seul point commun de ce melting pot d’êtres humains, c’est l’envie d’écrire.

— Maëlys, 62 ans dans quelques jours et toujours aucun livre publié.

Assane fixe la femme qui vient de parler et se sent tout à coup pris de vertige. Est-ce possible de rester aussi longtemps dans l’ombre ? A-t-elle terminé un roman depuis le temps ? Comment va-t-il pouvoir sortir du lot de cette foule d’inconnus ?

— Xavier, presque 30 ans et j’ai publié onze romans sans réussir à trouver la satisfaction que j’attendais.

Quoi ? Assane est éberlué. Autant de romans et aucun bonheur à la clef ? Mais où est-il tombé ?

— Je suis désolé, je dois partir.

Il se lève et pousse la porte du gymnase dans un soupir soulagé. Assane n’a pas besoin d’un nouveau groupe pour se motiver : Louise le pousse sans cesse à écrire, Antoine est à son écoute et Samia lui offre la bulle d’oxygène dont il a besoin.
Ce n’est pas ici qu’il trouvera ce qui lui manque. Écrivain ou pas, le pacte lui interdit de finir l’année sans avoir réalisé son rêve.

Ce soir, il commence à écrire, que son imagination le veuille ou non.

Épisode 18: De l’autre côté du miroir

Ah ouais, on part pas sur la même ambiance, là, pense Samia face à l’accueil des parents de David. Alors que chez elle, Samia avait l’impression de marcher sur des œufs, ici c’est un festival de grandes embrassades et d’effusions de joie. C’en est tellement déroutant, presque suspect, qu’elle se penche à l’oreille de son futur mari :

— Ils sont toujours comme ça ?

— Non, là ils sont plutôt calmes.

— Ah… Ça doit être épuisant.

Click Here: St George illawarra Dragons Jersey

Les parents ne tiennent pas en place. D’abord, il faut se serrer sur le canapé pour une photo. Puis le père disparaît à la cave chercher du champagne. Il est à peine revenu que la mère se lève.

— David, attrape les coupes, s’il te plaît, demande le père.

« Ne me laisse pas », supplie Samia entre ses dents, mais David fait mine de ne pas l’entendre.

— Tu es architecte, remarque le père, quel métier passionnant ! 

Samia sourit en guise d’acquiescement.

— Samia, viens m’aider, appelle la mère de David.

Samia s’aventure dans les couloirs et la trouve perchée sur une chaise, la moitié du corps enfouie dans un placard. Soudain, elle lui tend un paquet. Puis un autre. Elle termine avec cinq boîtes et sacs en plastique dans les bras.

— Ce sont des affaires de notre mariage. Prends ce qui te plaît. Tu n’auras qu’à jeter le reste.

Le pop du bouchon la fait sursauter.

— Dépêchez-vous les filles, appelle le père, le champagne réchauffe ! 

*

Trois heures plus tard, sur la route du retour, Samia cherche encore à comprendre quelle tempête elle vient de traverser. Le coffre est rempli d’affaires qui ne tiendront jamais dans leur trente mètres carrés et tandis qu’elle conduit, David arbore un sourire radieux  :

— Ah, franchement, on a passé un bon moment !