Des chercheurs ont réussi à créer des embryons contenant des cellules humaines et des cellules de porcs. Mais quel est l’intérêt d’avoir une telle "chimère" contenant moins de de 0,001% d’origine humaine? Entre bioéthique et progrès scientifique, Doctissimo fait le point.
La création de chimère homme-animal pourrait conduire à la "fabrication" d'organes humains transplantables. (Jun Wu et Juan Carlos Izpisua Belmonte – SALK INSTITUTE)
Sommaire
- De la chimère rat/souris à la chimère homme/cochon
- Demain, créer des fermes d’organes transplantables ?
- Un intérêt scientifique pour la recherche médicale
Selon l’étude publiée dans la prestigieuse revue Cell, des chercheurs de Salk Institute ont réussi à créer et à laisser se développer des embryons contenant des cellules d’origine humaine et porcine. C’est la première preuve que l’on peut créer des chimères (du nom des monstres de la mythologie grecque qui combine plusieurs animaux) avec des cellules humaines et animales. La principale application potentielle serait de pouvoir disposer d’”organes de remplacement”. Mais comment ces scientifiques ont-ils procédé ? De leurs propres aveux, la chose a été plus compliquée qu’ils ne l’avaient initialement envisagée.De la chimère rat/souris à la chimère homme/cochonIls se sont initialement “fait la main” en créant une chimère souris/rats. Une telle chimère avait déjà été créée en 2010, mais les chercheurs de Salk Institute sont allés plus loin en dirigeant l’influence des cellules d’un rat chez une souris.Ils ont éludé dans un œuf fécondé de souris un gène fonctionnel indispensable (grâce à la
technique CRISPR) pour le développement d’un organe (par exemple le cœur, le pancréas, l’œil…). Ils ont ensuite introduit des cellules souches de rats dans l’embryon afin de voir si le matériel génétique de ces dernières allait combler les “trous”. Ce qui a été fait, les cellules de rat ont permis de former les tissus fonctionnel de l’organe manquant (un cœur de rat, un pancréas de rat, un œil de rat dans une souris).
L’étape suivante était d’introduire des cellules humaines dans un autre organisme. La vache et le cochon ont initialement été choisis car la taille de leurs organes se rapproche plus de celle des humains (nettement plus qu’avec des souris). L’un des défis scientifique a été de savoir quelle type de cellules humaines introduire pour qu’elles se développent. Demain, créer des fermes d’organes transplantables ?Pour des raisons de commodité et de coût, la recherche a utilisé un embryon de cochon. Au total, 2075 embryons de cochons ont reçus différents types de cellules humaines, les “chimères survivantes” ont ensuite été implantées dans des truies et ont pu se développer pendant trois à 4 semaines. Au total, 186 ont atteint un stade de développement au-delà du 28e jour. “Un délai assez long pour nous afin d’essayer de comprendre comment les cellules humaines et porcines se mélangent lors des premiers stades sans soulever des problèmes éthiques concernant la création d’animaux chimériques adultes“, dit le Pr. Izpisúa Belmonte, co-auteur de l’étude.
Dans cette étude, les chercheurs voulaient simplement savoir s’il était techniquement possible de créer un tel assemblage. Au-delà de cette preuve de principe, la prochaine étape est de diriger les cellules humaines implantées afin qu’elles puissent créer un organe en particulier (en utilisant la technique CRISP comme pour la chimère rat/souris), par exemple en créant un pancréas humain, un cœur humain, un œil humain… chez un cochon.
L’enjeu est aussi de s’assurer que le développement est bien ciblé, le but n’étant pas de créer un cochon avec un cerveau humain… Dans le cadre de cette expérience, les cellules humaines avaient commencé à former du tissu musculaire. Mais le chemin à parcourir avant cette “prouesse” reste long selon les chercheurs.Un intérêt scientifique pour la recherche médicaleAvant d’y parvenir, les chercheurs estiment que la création de telles chimères humain/animal pourrait être utile pour :
- Tester les médicaments sur des tissus ou des organes humains avant des essais chez l’homme (et non plus seulement sur des cultures de cellules humaines en 2 dimensions) ;
- Etudier la physiopathologie de maladie humaine sur ces chimères ;
- Mieux comprendre les premiers stades de développement de l’embryologie humaine ;
- Mieux comprendre les différences d’organes d’une espèce à l’autre.
Tout cela ressemble à de la science-fiction mais force est de constater que ces premiers résultats rendent envisageable de tels développements. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Quels sont les risques de dérives éthiques et médicales liés au développement de chimères homme/animal adultes ? Peut-on transformer des animaux en “usines à organes” ? Venez-vous exprimer sur nos forums.Click Here: Cheap FIJI Rugby Jersey