Joie et sourire sur les visages des coureurs de la Groupama-FDJ à l’heure de présenter l’équipe avant les premières joutes hivernales à vélo. Marc Madiot, lui, ne sourit pas. Parce qu’il ne sourit jamais, sauf peut-être quand Thibaut Pinot met une mine au gratin du peloton tout en haut du Tourmalet. Le manager de l’équipe française n’est pourtant pas mécontent : l’année 2021 a été décevante, oui, et le tapis de notes positives comme le succès de Démare sur Paris-Tours ou l’ultime campagne italienne de Gaudu ne suffisent pas à couvrir les échecs poussiéreux.

Néanmoins, 2021 a débouché sur une intersaison digne de ce nom, loin de la micro-pause de 2020 consécutive au retard de calendrier provoqué par l’acte initial de la pandémie. Et ça suffit au bonheur de Madiot. « On s’est tous projetés sur 2022, on a fait une vraie coupure de récup’ en novembre. Pour la première fois depuis deux ans on a pu se réunir, on a pu se retrouver. »

Trois leaders potentiels pour le Tour

Résultat, tout le monde a l’air heureux et prêt à laver l’affront. Même Thibaut Pinot, dont on ne savait jusqu’ici guère s’il se remettrait un jour de ses galères physiques. « On est sur un Thibaut heureux et souriant, nous confirmera quelques heures plus tard David Gaudu. Il est allé travailler de son côté à Gran Canaria. Il a l’air souriant, il ronchonne pas trop, c’est encourageant pour la suite. » La suite, c’est la saison de l’« union sacrée », pour reprendre l’expression un peu grandiloquente de Madiot. Comprendre : sans leader prédéfini pour le Tour mais avec une belle équipe. Parce que la Groupama-FDJ ne gagne plus sur le Tour depuis 2019 et qu’elle se doit d’honorer les sponsors. Et sans doute aussi un peu par envie d’emmerder les grosses bertha du peloton à la manière de l’Ajax Amsterdam au foot, « un modèle qui m’inspire », explique Madiot.

Iront donc sur le tour Thibaut Pinot, David Gaudu et la hype du moment, Michael Storer. Tous trois étant cités comme leaders potentiels sur la grande boucle. Victime collatérale de ce commando de haute montagne, Arnaud Démare a lui été invité à jouer à qui va le plus vite avec les sprinteurs du Giro. Petite revue d’effectif.

Thibaut Pinot, alors peut-être…

Son année 2021 : La pire de toutes, de son propre aveu. Un long chemin de croix et un rayon de lumière en toute fin de saison. A l’image de l’équipe.

Son programme en 2022 : Reprise sur le tour du Haut-Var, Tirreno, Tour du Jura, Tour des Alpes, Romandie, Tour de suisse et Tour de France. « Un programme que je faisais très régulièrement avant 2018. Je reviens sur mes bases », justifie Pinot.

L’état d’esprit : « L’objectif est simple, regagner des courses, retrouver mon niveau après une année difficile, gagner dès que j’en ai l’occasion de février à octobre. […] J’attaque avec beaucoup d’envie. J’ai pu faire les entraînements que je voulais. Les sensations sont revenues cette semaine. J’avais besoin de retrouver un peu de soleil et de chaleur, je repars bientôt pour Tenerife. J’espère être opérationnel dès le mois de février. »

David Gaudu, un statut à conserver :

Son année 2021 : La meilleure de toutes, de son propre aveu. Avec pour point culminant son escapade romantique avec Primoz Roglic dans les beaux paysages du Pays basque et un top 20 au classement UCI.

Son programme début 2022 : Tour d’Algarve, Paris-Nice, Tour du Pays basque.

L’état d’esprit : « Etre leader ça fait forcément franchir un cap et c’est une pression que j’aime ressentir. Je me sens plus confiant. Cette année, c’est la saison qui décidera de qui sera leader. J’aimerais énormément être leader sur le Tour mais on n’est à l’abri de rien. On essayera de faire valoir notre force collective en montagne. Marc a évoqué le podium, on n’a plus trop le droit de se cacher. »

Arnaud Démare, un pas en arrière

Son année 2021 : Neuf victoires dont une sur Paris-Tour que Madiot demande de mettre en exergue. Huit autres moins flamboyantes et beaucoup d’absences sur les courses majeures.

Son programme début 2022 : Tour d’UAE, Tirreno, Milan San Remo.

L’état d’esprit : 2021 et le profil du Tour 2022 lui valent de louper la Grande Boucle. « C’est une déception pour moi. Ce n’est pas parce que je n’ai pas réussi l’année dernière que je ne suis pas capable de le faire cette année. » Marc Madiot n’en attendait pas moins de sa part. « Je suis très heureux qu’il soit déçu de ne pas être au tour. C’est une excellente nouvelle. Je le rassure, il y reviendra. Sur le Giro, il y aura des opportunités sur les sprints. Il aura l’occasion de gagner des grands trucs, des étapes sur grand tour, Milan – San Remo, les championnats de France. Sur le championnat du monde en Australie, le parcours proposé peut aussi être intéressant pour Démare. »

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Thibaut Pinot a « toujours envie de donner des émotions » malgré la nostalgie et les petits coups de déprime