Médicaments anciens, peu onéreux, génériqués… Certains produits anesthésiants ne sont plus fabriqués ou distribués pour des raisons de rentabilité, alors qu’ils sont encore utiles et non remplaçables dans certaines indications. Afin de faire connaître cette situation et surtout de l’améliorer, la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation, la SFAR, en appelle au ministre de la santé, Xavier Bertrand, et au directeur général de l’Afssaps, le Pr. Dominique Maraninchi.
Le Penthotal ® n’est plus commercialisé en France
Le thiopental (
nom de marque : Penthotal ®) est un anesthésique d’action rapide utilisé en clinique depuis 1934 et très bon marché (un flacon coûte environ 2 euros). En raison de sa rapidité d’action, il est utilisé pour les interventions chirurgicales faites en urgence, sans que le patient ait eu le temps d’être à jeun et donc de minimiser les risques d’inhalation gastrique pendant l’opération (exemple : césarienne). Il est également indiqué dans le traitement des traumatismes crâniens graves et de certains états de mal épileptique.
Mais le laboratoire américain qui le distribue en France, Hospira, a cessé sa commercialisation depuis le 27 juillet. Or la SFAR souligne,
dans un communiqué de presse publié le 18 août, qu’“aucun produit ne permet, dans les indications du thiopental, d’assurer une sécurité équivalente du patient“. Les anesthésistes français ont donc recours actuellement à un laboratoire et un fabriquant de générique allemands pour pallier à la pénurie de ce produit, “mais la situation reste précaire…“.
Une menace sur la réalisation des anesthésies
Outre le Penthotal ®, d’autres médicaments utilisés en anesthésie sont très anciens, de faible prix et généricables, d’où un risque d’arrêt de fabrication (trop faible rentabilité). La SFAR cite le
propofol (commercialisé sous le nom de
Diprivan ® en France), tristement célèbre
à cause du décès de Michael Jackson mais utilisé dans la plupart des anesthésies générales d’aujourd’hui : ce médicament coûte moins d’1 l’ampoule, il “contribue à la sécurité des patients“, et pourtant sa commercialisation a failli être stoppée aux Etats-Unis. Quant à la
lidocaïne adrénalinée, très utilisée pour les péridurales et anesthésies locales, elle n’est plus fabriquée par le laboratoire détenteur de la marque.
Ces menaces ou pénuries inquiètent tout une profession, qui prend tout de même en charge 8 millions de patients chaque année en France : “nous en venons à nous demander si nous pourrons continuer d’assurer la prise en charge des patients. Si l’on ne trouve pas de solution, le risque existe que l’on ne puisse plus réaliser d’anesthésie dans le cadre d’actes chirurgicaux ou diagnostiques“, déclare le docteur Laurent Jouffroy, Président de la SFAR.
Les autorités de santé interpellées
Cette pénurie débutante de médicaments (bon marché, anciens, généricables mais indispensables pour la pratique de certains actes chirurgicaux) menace la sécurité des patients, rappelle la SFAR. Cette dernière a donc décidé
d’en appeler au directeur général de l’Afssaps afin qu’il trouve une solution “à la question pressante du thiopental“ et que soit assurée “la pérennité de la mise à disposition de ce type de médicaments, largement employés par les anesthésistes-réanimateurs, depuis des décennies, et menacés d’arrêt de commercialisation“.
La Sfar
interpelle également le ministre de la santé pour qu’il les aide à “disposer des produits les plus sûrs et les moins onéreux“ pour mettre en uvre les recommandations de bonne pratique.
Des difficultés apparemment entendues
Dans
un communiqué publié ce jour par le ministère de la santé, Xavier Bertrand et Nora Berra, secrétaire d’Etat à la santé, soulignent “qu’il n’est pas question que les patients rencontrent les moindres difficultés d’accès à leurs produits de santé“. Afin de tenter de trouver les solutions pérennes demandées, Dominique Maraninchi va recevoir “dans les prochains jours la SFAR“.
Du côté du ministère, une réunion “se tiendra dès la rentrée avec l’ensemble des parties prenantes avec un seul objectif : que tout patient puisse avoir accès sans difficultés à son traitement“.
L’alerte lancée par la société savante semble donc avoir été entendue. Souhaitons que des solutions durables et efficaces soient trouvées pour supprimer ces difficultés d’approvisionnement en produits d’anesthésie, difficultés qui font écho à
celles soulevées par l’Académie nationale de pharmacie en juin dernier.
Jean-Philippe Rivière
Sources :
– “Arrêt de la commercialisation du thiopental (Pentothal®) par les laboratoires Hospira -France : une mauvaise nouvelle qui en annonce probablement d’autres“, SFAR, 1er juillet 2011, article
accessible en ligne
– “Les anesthésistes‐réanimateurs lancent une alerte : confrontés à la pénurie et à la disparition de médicaments essentiels, ils risquent de ne plus être en mesure de prendre en charge leurs patients“, communiqué de presse de la SFAR, 18 août 2011,
accessible en ligne
– Lettre ouverte au ministre de la santé, 12 août 2011,
téléchargeable en ligne
– Lettre ouverte au directeur général de l’Afssaps, 12 août 2011,
accessible en ligne
– Communiqué de presse du ministère de la santé, 19 août 2011,
accessible en ligneClick Here: camiseta river plate