Des chercheurs américains ont réussi à produire un antalgique opioïde en manipulant génétiquement de la levure de boulanger, un processus complexe qui a permis de synthétiser un composant de l’opium en quelques jours, selon leurs travaux publiés le 13 août 2015 dans la revue Science.
Le processus de bio-synthèse d'opioïdes à partir de la levure est très complexe.
Après d’autres travaux dévoilés ces derniers mois dans ce champ de recherche, cette nouvelle avancée ouvre la voie à une nouvelle méthode de production beaucoup plus rapide et potentiellement moins coûteuse de nombreux médicaments dérivés des plantes, selon ces scientifiques de l’Université Stanford en Californie, Etats-Unis.Reprogrammation génétique de la levureIls décrivent comment ils sont parvenus à reprogrammer génétiquement de la levure utilisée depuis des millénaires dans la fermentation du vin et de la bière, pour que ces cellules à croissance rapide transforment le sucre en hydrocodone, un dérivé d’un opiacé, en seulement trois à cinq jours.Or actuellement, ce processus industriel prend un an entre la récolte du pavot cultivé légalement et la production d’
analgésiques par des laboratoires pharmaceutiques, relèvent les chercheurs.L’hydrocodone et les substances chimiques assimilées comme la
morphine et l’
oxycodone forment une famille d’analgésiques dérivés de l’
opium, qui est tiré du latex de pavot.La quantité d’opioïdes obtenue est pour l’instant minimeLes quantités produites par ce procédé de manipulation génétique sont encore minimes. Il faut 16 600 litres de levure traitée par cette technique de bio-ingénierie pour produire une seule dose d’hydrocodone, précisent les chercheurs. Mais, l’expérience prouve qu’il est possible de manipuler génétiquement de la levure pour obtenir des médicaments dérivés de plantes, fait valoir Christina Smolke, professeur de bio-ingénierie à l’Université Stanford, qui a dirigé cette recherche.Un antipaludéen, plus simple à obtenir à partir de la levureLa production de l’
antipaludique
artémisinine à partir de levures génétiquement modifiées a été le premier grand succès de bio-ingénierie pour fabriquer un médicament qui jusqu’alors était seulement produit à partir de l’
armoise.Ces dix dernières années, un tiers de la production mondiale d’artémisinine a ainsi été convertie et provient désormais de la bio-technologie.Ce processus était toutefois relativement plus simple, requérant d’insérer seulement six gènes dans les levures pour fabriquer l’artémisinine. Pour l’hydrocodone, c’est nettement plus complexe. Les scientifiques ont dû recourir à 23 gènes pour créer l’usine cellulaire capable de produire ce dérivé.Pour les opioïdes, le processus est très complexe“Il s’agit de la bio-synthèse chimique la plus complexe jamais créée avec des levures“, selon le Pr Smolke.Son équipe a utilisé et affiné des fragments d’ADN provenant d’autres plantes, de bactéries et même de rats qui ont été insérés dans de la levure pour produire tous les enzymes nécessaires aux cellules pour convertir le sucre en hydrocodone.Les chercheurs ont reconnu que ce nouveau processus de fabrication pouvait accroître le risque de produire ces substances illégalement, aggravant le problème d’abus de ces antidouleurs aux Etats-Unis.Mais cette technique, qui devrait permette de réduire les coûts de production, devrait surtout bénéficier aux pays les moins développés où, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 5,5 milliards de personnes ont peu ou pas accès à ces antidouleurs, soulignent les scientifiques.AFP/RelaxnewsSource : Galanie S, Thodey K, Trenchard IJ, Filsinger Interrante M, Smolke CD. “Complete biosynthesis of opioids in yeast“, Science, August 13 2015 (
disponible en ligne).Click Here: camiseta river plate