Le neurologue italien Sergio Canavero annonce avoir transplanté "avec succès" une tête humaine sur un autre corps… La greffe a en fait été réalisée avec deux cadavres. En n’abordant que très partiellement les dimensions éthiques et certains "problèmes" techniques, Sergio Canavero aurait-il perdu la tête?
Une neurologue italien annonce avoir transplanté une tête humaine d’un cadavre à un autre… Une opération à la Frankenstein ?
Sommaire
- Transfert de tête, la greffe d’un corps en pratique
- Des réserves techniques, financières et éthiques
Dans les années 1970, l’équipe de Robert White avait transplanté une tête de singe sur le corps d’un autre animal de la même espèce. L’animal paralysé avait survécu plusieurs jours. Depuis, les techniques se sont améliorées, même si les animaux ont été systématiquement euthanasiés suite à diverses complications. Le même auteur prédisait en 1999 que cette technique devrait quitter les romans de science-fiction pour devenir une réalité pour l’homme dès le XXIe siècle. Pour le neurologue italien Sergio Canavero, le principal défi d’une telle intervention est de pouvoir “raccorder” la moelle épinière, une technique qu’il juge désormais possible. Dernière étape de sa “quête”, le transfert d’une tête d’un cadavre à un autre réalisée en Chine.Transfert de tête, la greffe d’un corps en pratiqueLe neurochirurgien italien s’est exilé en Chine pour parfaire sa “technique”. L’opération qui a duré 18 heures, a consisté à transférer une tête (ou un corps selon la perspective…) d’un cadavre à un autre. Les deux hommes d’un gabarit similaire ont été décapités aussi nettement que possible. Deux équipes de 5 chirurgiens ont été mobilisées : l’une pour le receveur, l’autre pour le donneur. La tête du receveur a été placée en hypothermie. La tête du receveur a été transférée sur le corps du donneur, en prenant soin de reconnecter la moelle, le flux sanguin et les différents tissus dans l’heure qui suit l’ablation.Différentes techniques sont décrites dans la
publication : la stabilité de la tête a été réalisée avec une fixation antérieure standard, la continuité de la vascularisation de toutes les zones cérébrales… D’autres restent plus obscures : si concernant la continuité nerveuse au niveau de la moelle, le neurologue prévoyait d’employer un cocktail constitué de polyéthylène glycol (PEG) et de chitosane (une
association prometteuse mais qui reste du domaine expérimental qui est loin de pouvoir offrir une connexion totale), les données concernant cet aspect reste non évaluées dans cette publication.Aujourd’hui, on ne sait donc pas si la connexion nerveuse est établie, si la vascularisation du cerveau est suffisamment continue pour ne pas entraîner de dommages irréversibles, si au mieux on ne “fabriquerait pas un tétraplégique”, si le greffé peut survivre… Et si c’était le cas, le greffé devrait ensuite entamer une longue convalescence, suivre un traitement antirejet pour le greffon, une prise en charge psychologique pour s’adapter à son nouveau corps et des séances de kinésithérapie pour réapprendre à bouger.La prochaine étape pour le neurologue italien est de réaliser la même chose avec deux patients en état de mort encéphalique (à cœur battant). Le scientifique dispose déjà d’un volontaire pour la transplantation : Valery Spiridonov, un informaticien russe de 31 ans qui souffre d’une grave maladie musculaire dégénérative (maladie de Werdnig-Hoffman).Des réserves techniques, financières et éthiquesLes techniques de reconnexion de la moelle épinière décrites par le neurochirurgien relève pour la plupart de voies de recherche, prometteuses certes, mais encore du domaine expérimental. De plus, de nombreux neurochirurgiens ont critiqué le battage médiatique de ce que le neurochirurgien qualifie de “succès”. “Peut-être que les techniques utilisées pour préserver les têtes et les attacher ont une certaine valeur scientifique, mais on est encore loin d’avoir quelqu’un qui capable de se promener avec un corps entièrement fonctionnel différent de celui avec lequel il est né” déclare Dean Burnett, un neurologue dans
The Guardian. Il poursuit avec une métaphore plus explicite : “Vous pouvez souder ensemble deux moitiés de voitures différentes et appeler cela un succès si cela vous chante, mais si au moment où vous tournez la clé tout explose, peu de personnes devraient vous conforter dans votre réussite…“.
If he does attempt it on a conscious volunteer, I’d be very surprised if the patient doesn’t die ‘of complications’ during it, which Canavero will take no responsibility for. Is he willing to sacrifice a life to his ego? I guess time will tell
/end— Dean Burnett (@garwboy) 19 novembre 2017
Aujourd’hui, cette étape est conduite sur des cadavres qui ne saignent donc pas, ce qui facilite la procédure. Certains s’interrogent sur l’utilité d’une telle procédure au succès hypothétique, qui priverait le possible recours à d’autres organes chez le donneur pour des greffes parfaitement maitrisées.Mais à qui seraient destinées ces greffes de tête ? Selon le neurochirurgien Italie, ce serait un espoir pour les patients tétraplégiques ou atteints d’un cancer généralisé n’ayant pas atteint le cerveau. Le donneur devra être en état de mort encéphalique, être immunocompatible avec le receveur de corps (et accessoirement du même sexe, de même ethnie et de corpulence proche… sauf demande particulière). Mais dans une conférence TED, le scientifique allait bien au-delà de ces cas… évoquant plutôt la possibilité de gagner 40 ans de vie en changeant son corps trop usé, à condition de pouvoir payer 10 millions de dollars (coût de la procédure estimé par le neurochirurgien) et de trouver un donneur…
Outre ses réserves médicales et son coût, les considérations éthiques constituent les principales réserves à une telle technique : Même si elle ne concernera que des cas extrêmes exceptionnels, comment seront sélectionnés les candidats à cette procédure ? Pourra-t-on empêcher un milliardaire insatisfait de son corps d’en changer et dans ce cas, comment s’assurer du “consentement” du donneur ? Les cellules sexuelles (spermatozoïdes ou ovule) seront celles du donneur et non du receveur, quelles seront les conséquences en terme de reproduction, de paternité, de connaissances des potentielles prédispositions génétiques du donneur ?… Un véritable casse-tête éthique en quelque sorte.Click Here: cheap Cowboys jersey