Les outils développés par Apple pour lutter contre la pédopornographie ne feront finalement pas partie des prochaines mises à jour des iPhone, iPad, iWatch et iMac aux Etats-Unis. Le géant de la Silicon Valley a finalement cédé aux critiques des spécialistes du cryptage et de la vie privée qui craignent que les outils ne puissent être utilisés à d’autres fins et ouvrent une porte à de la surveillance ou de la censure.
Dévoilées début août par Apple, ces nouvelles fonctionnalités ont été conçues pour mieux repérer les images à caractère sexuel impliquant des enfants, sur son serveur iCloud et sur la messagerie iMessage pour les comptes d’enfants liés à un abonnement familial. Le groupe, qui a fait de la protection des données de ses utilisateurs un argument de vente majeur, a assuré que ces nouveaux algorithmes ne rendaient pas le système moins sûr ou confidentiel. Apple est également réputé pour avoir, jusqu’à présent, tenu tête à tous ceux qui essayaient de contourner son système de cryptage pour avoir accès à des messages privés.
Lettre ouverte signée par plus de 7.700 personnes
Une lettre ouverte contre ces technologies a été signée par diverses ONG et plus de 7.700 personnes, dont l’ancien informaticien de la CIA et lanceur d’alerte Edward Snowden. La firme de Cupertino a bien tenté de défendre ses nouvelles technologies à plusieurs reprises.
Mais face aux remarques des clients, des groupes de défense des droits ou des chercheurs, elle a décidé « de prendre du temps supplémentaire au cours des prochains mois pour recueillir des commentaires et apporter des améliorations avant de rendre publiques ces importantes fonctionnalités de protection des enfants ».
Apple lâche du lest
En repoussant la mise en place de ses nouveaux outils, la marque à la pomme semble faire une nouvelle concession à ses critiques alors qu’elle est attaquée sur plusieurs fronts et se retrouve sous la pression des régulateurs et tribunaux de plusieurs pays. Le groupe a notamment annoncé la semaine dernière qu’il allait permettre aux éditeurs d’applications mobiles de proposer à leurs clients des moyens de paiement en dehors de l’App Store, un changement radical pour la firme de Cupertino, en Californie.
Mercredi, il a encore lâché du lest en indiquant qu’il laisserait certains éditeurs inclure, dans leur application, un lien vers leur site, afin de pouvoir contourner son système de paiement, qui leur facture généralement 15 % ou 30 % de commission. Un des outils développés par Apple est censé permettre de comparer les photos téléchargées sur son serveur iCloud avec celles entreposées dans un fichier géré par le Centre national des enfants disparus et exploités (NCMEC) sans avoir directement accès à l’image. Mais les spécialistes du cryptage et de la vie privée craignent qu’il soit utilisé à d’autres fins.
« Un compromis sur la confidentialité qui affecte 1 milliard d’utilisateurs »
Un autre outil développé par les techniciens d’Apple permet de scanner les photos reçues ou envoyées par des mineurs via la messagerie iMessage. Mais le fait de pouvoir intervenir, de quelque façon que ce soit, sur la messagerie iMessage remet en cause le fait que les contenus sont supposés être cryptés de bout en bout, craignent les experts.
Matthew Green, qui enseigne la cryptographie à l’Université Johns Hopkins, s’est félicité de la décision d’Apple d’engager un dialogue avec le grand public. Avec ces nouveaux outils, « il ne s’agit pas juste de l’ajout d’une nouvelle barre tactile sophistiquée ; c’est un compromis sur la confidentialité qui affecte 1 milliard d’utilisateurs », remarque-t-il sur Twitter.
Pour Andy Burrows, responsable de la sécurité des enfants en ligne à la Société nationale de prévention de la cruauté envers les enfants, c’est en revanche une décision « incroyablement décevante ». « Apple avait adopté une approche proportionnée qui cherchait à équilibrer la sécurité des utilisateurs et la confidentialité, et (le groupe) aurait dû tenir bon face aux critiques », a-t-il regretté.
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