Dès sa diffusion outre-Atlantique au printemps sur Freeform, la chaîne de Pretty Little Liars et The Bold Type, la série Cruel Summer a connu un vif succès. Elle rencontre le même depuis sa mise en ligne vendredi sur Prime Video. Il faut dire que le potentiel addictif est là, autant par son histoire que par son dispositif. La série suit et alterne trois époques, les étés 1993, 1994 et 1995, pour raconter comment la timide Jeanette est devenue populaire après de la disparition de la reine du lycée Kate, puis une paria à son retour.

« La télévision est en train de changer, il faut élever le jeu pour faire la différence, commente la showrunneuse Tia Napolitano, arrivée sur le projet après sa création par Bert V. Royal et après le tournage du pilote. La structure éclatée est à la fois excitante et satisfaisante, pour les personnages, les enjeux et les mystères. » Et des mystères et rebondissements il y en a, jusqu’à la dernière image du dixième et dernier épisode.

Click Here: Spain National Team soccer tracksuitDes sujets délicats et une réalité complexe

Mais Cruel Summer fait aussi la différence par les sujets délicats qu’elle aborde, et comment elle les aborde. Un carton d’avertissement ouvre d’ailleurs chaque épisode, et évoque violence domestique, manipulation, grooming… Car – petit spoiler – Kate n’avait pas seulement disparu, elle était séquestrée par le vice-principal du lycée, Martin. L’a-t-il kidnappée ? Jeanette était-elle au courant ? C’est compliqué.

La série avance ainsi en zone grise, sur un chemin de crête, et ne détourne presque jamais le regard d’une réalité complexe, qu’il agisse de la libération de la parole (pour Kate) ou la mal nommée cancel culture (pour Jeanette). « Nous parlons de choses graves, de sujets sensibles, mais ce n’est pas parce qu’ils nous font peur qu’il ne faut pas les explorer, explique Tia Napolitano. Nous avons voulu les raconter de la manière la plus responsable et respectueuse possible, nous avons donc consulté beaucoup de gens et d’associations, nous avions même un thérapeute dans la writer’s room. »

« Je me suis éduquée sur les violences faites aux femmes »

Olivia Holt, interprète de Kate, renchérit : « Le temps ne pouvait pas mieux tomber. Ces sujets font l’actualité, mais ils sont là depuis tant d’années, de décennies. J’ai personnellement dû faire de longues recherches, m’éduquer sur les violences faites aux femmes, sur le gaslighting par exemple. Il n’était pas question de romancer ou glamouriser ce qu’il se passe entre Kate et Martin, mais de le montrer de manière brute et transparente. Nous sommes en 2021 et ces problèmes sont toujours une réalité. »

Mais dans la « réalité » de la série, le sexe n’existe pas, n’est pas mentionné, ce qui devient problématique, surtout dans l’épisode 9, un épisode clé. « Nous ne voulions surtout pas que la relation entre Kate et Martin apparaisse comme romancée ou consentante, et montrer le sexe aurait été une énorme erreur, répond la showrunneuse. Ce n’est pas l’histoire que nous voulions raconter. Nous avons préféré le laisser hors champ, le digérer et finalement en parler lorsque Kate est en sécurité. »

La société doit écouter les femmes

Cruel Summer choisit ses sujets, ses combats, des violences faites aux femmes à « la pression de la société sur les jeunes femmes, ajoute Tia Napolitano, cette culture du bonheur à tout prix, d’être populaire, d’avoir un petit ami. » Pour Chiara Aurelia, l’interprète de Jeanette, la série montre qu’il est difficile pour une jeune fille de grandir dans les années 1990 comme aujourd’hui, et qu’il faut que la société écoute les femmes : « Si la série peut ouvrir une porte, provoquer des discussions entre amis, en famille ».

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