Il y a maintenant 20 ans sortait dans les salles françaises “Pocahontas”. Entrez dans les coulisses de ce long-métrage Disney pas comme les autres et découvrez quelles vedettes ont servi de modèle à la célèbre héroïne amérindienne…

“Entends-tu chanter les esprits de la montagne ? Peux-tu peindre en mille couleurs l’air du vent ?”, chantait le groupe Native, il y a tout juste 20 ans… En 1995, sortait en effet dans les salles françaises Pocahontas, 33ème long-métrage des studios Disney. Un film, acclamé pour son animation complexe et sa magnifique bande-originale, mais également beaucoup moins bien reçu aux Etats-Unis qu’à l’international, critiqué, entre autres, pour ses inexactitudes historiques… 

Ce sont plusieurs éléments qui firent tiquer nos voisins Outre-Atlantique. D’une part, Pocahontas, de son vrai nom Matoaka, figure mythique de la tribu indienne des Powhatans qui aurait permis de pacifier les rapports entre les colons et sa tribu, n’aurait eu que 12-13 ans lorsqu’elle fit la rencontre de John Smith, un britannique d’une quarantaine d’années. Contrairement à la romance offerte dans le film, aucune relation amoureuse entre les deux protagonistes de l’histoire n’a jamais été notifiée, contrairement aux liens maritaux engagés entre l’Amérindienne et John Rolfe, établis d’ailleurs dans la suite, Pocahontas 2, un monde nouveau.

Autre critique soulevée par certains à la sortie du film : le fait que les Amérindiens se montrent aussi hostiles que les colons alors qu’ils les auraient bel et bien accueilli dans la réalité. De leur côté, les différentes communautés amérindiennes n’apprécièrent guère les stéréotypes véhiculés par le film. 

Aux Etats-Unis, le film n’a donc pas récolté le succès escompté, Disney ayant pourtant fondé de grands espoirs dans sa réussite, beaucoup plus que dans celle du Roi Lion. Développé en parallèle, le film déroulant l’histoire de Simba remporta pourtant l’adhésion générale…

Il faut dire que Pocahontas, sorti un an plus tard, s’adressait à un public plus mature dans un univers où les animaux ne parlent pas (mais les arbres si), où les happy-ending n’existent pas et s’attaquait surtout, et pour la toute première fois dans l’histoire de Disney, à un personnage historique, avec tous les risques qu’une telle entreprise comporte. Disney a ainsi fait appel, en majorité, à des Amérindiens pour doubler les personnages afin d’être le plus authentique possible. Le film, développé dès 1990 par Mike Gabriel (rejoint ensuite par Eric Goldberg) a d’ailleurs marqué sa différence à plusieurs autres niveaux…

Non seulement Pocahontas s’inscrivait dans la vague de héros issus de la diversité entamée par Disney dans les années 90 avec Aladdin et poursuivie avec Mulan et l’Esmeralda du Bossu de Notre-Dame, mais il a aussi été le premier à offrir une relation amoureuse interethnique à son public. 

Le long-métrage animé a aussi introduit une héroïne plus adulte, sentiment que l’on retrouvait visuellement, Pocahontas étant indéniablement plus mature, sensuelle et réaliste que toutes ses autres congénères de la famille Disney. Son design a d’ailleurs constitué une étape essentielle dans la construction du film. 

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Moins cartoonesque, plus tranché et plus proche de la réalité, tout comme l’ensemble du film, le look de Pocahontas a été longuement réfléchi. C’est l’animateur Glen Keane, déjà responsable de l’animation d’Ariel dans La petite sirène et de Jasmine dans Aladdin, qui s’en est chargé avec une équipe de 55 autres animateurs. Le mot d’ordre de Keane était de rendre Pocahontas réelle : “Dans ce film, il y a très peu de squash et stresh [un principe d’animation qui concerne l’étirement et l’écrasement des formes]. Le visage de Pocahontas ne s’agrandit pas et ses yeux ne bougent pas à tout va”, expliquait-il au Morning Call en 1995. 

Pour déterminer à quoi son héroïne devait ressembler, Keane a évidemment cherché dans les premières représentations connues de la véritable Pocahontas. Il s’en est inspiré, notamment pour traduire ses expressions, mais s’en est physiquement éloigné afin de livrer une représentation plus glamour de l’héroïne, comme cela lui avait été demandé. 

Pour ses recherches, il se rendit en Virginie au sein de la colonie de Jamestown et y rencontra des Amérindiennes descendantes des Indiens Powhatans : Shirley ‘Little Dove’ Custalow-McGowan et sa soeur, Devi. Little Dove est d’ailleurs devenue une consultante précieuse pour le film même si elle a, par la suite, été déçue par le résultat qu’elle a trouvé éloigné de la réalité. 

Mais, d’autres femmes, célèbres ou non, ont aussi servi d’inspiration et de modèles à l’animateur. Selon les archives d’Entertainment Weekly et du New York Times, Dyna Taylor, d’origine philippine et à l’époque étudiante à l’Institut des Art de Californie, aurait, elle aussi, servi de modèle. En 1992, alors qu’elle avait 18 ans, l’étudiante aurait posé à plusieurs reprises, aurait été filmée et dessinée sous différents angles, le tout pour 200 dollars et aucun crédit dans le film. “Je suis un peu irritée parce que je n’ai eu aucune reconnaissance alors que c’est mon visage“, confiait-elle en 95 à EW.

De son côté, Keane admettait alors qu’elle avait effectivement eu “beaucoup d’impact” tout en précisant au New York Times que si elle avait été l’une des premières inspirations physiques du personnage, elle était très loin d’être la seule : “Si je devais faire une liste, il y aurait peut-être 15 personnes dessus“.

Les animateurs de Pocahontas se sont en effet inspirés de plusieurs femmes. Keane et son équipe ont puisé d’autres influences chez Jamie Pillow, une employée du Pasadena Art Center, chez Natalie Belcon, une afro-américaine que le fils de Glen Keane a rencontrée dans son cours d’arts martiaux mais aussi chez des célébrités de l’époque… 

Ils ont en effet feuilleté beaucoup de magazines pour trouver d’autres muses. Ainsi, on retrouve plusieurs tops des années 90 dans leurs influences. Christie Turlington a été l’une des premières à revenir dans les dessins des équipes de Keane mais Naomi Campbell, dont l’allure féline se retrouve clairement dans les mouvements de Pocahontas, et Kate Moss et son visage mutin, ont également inspiré les animateurs.

Deux actrices ont aussi participé à l’aventure : Charmaine Craig, vue dans Les nouvelles aventures de Croc-Blanc, et surtout Irène Bedard. Cette dernière est, en plus d’être un modèle, la voix originale de Pocahontas. L’actrice amérindienne a d’ailleurs une drôle d’histoire avec le personnage puisque, 10 ans après le dessin-animé, elle retrouva cet univers dans Le Nouveau Monde, long-métrage de Terrence Malick dans lequel elle interprétait, non plus Pocahontas, mais la mère de cette dernière ! A noter que Christian Bale, qui double Thomas dans le film de Disney, était lui aussi à l’affiche du film de Malick et jouait, cette fois, le rôle de John Rolfe, le mari de Pocahontas !

Pocahontas est donc la combinaison de plusieurs visages et de plusieurs allures, composés ensuite en une seule personne par les mains expertes de dizaines d’animateurs.

20 ans après sa sortie, cette Princesse Disney reste inoubliable à plusieurs égards, notamment grâce à sa bande-originale aux petits oignons, signée Alan Menken et récompensée par deux Oscars. Et si le film n’a pas créé un phénomène tel que celui du Roi Lion à sa sortie, il peut se targuer de faire partie de ceux qui, avec des yeux neufs, sont redécouverts avec étonnement. La redécouverte enchantée ? Une expérience qui n’est pas donnée à tous les films… 

Toutes les anecdotes autour de Pocahontas !

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