Rencontre avec Christophe Lamotte, réalisateur de “Disparue en hiver”, une œuvre très personnelle ancrée dans le film noir…

Une oeuvre intime destinée au grand public

“Disparue en hiver” est encore plus personnel que mon premier film…

 Christophe Lamotte : Disparue en hiver est encore plus personnel que mon premier film. Nord Paradis était un film sur ma propre famille, qui sont des ferrailleurs manouches dans le nord de la France. Ce film-ci parle de mon père qui faisait des recouvrements de dettes, comme le personnage de Kad Merad. L’histoire de la jeune fille est celle d’une amie très proche avec qui j’ai passé des entretiens à cette occasion. J’ai également connu la rupture amoureuse dont je parle. Le deuil est enfin une douleur dont j’avais envie de parler mais sans en faire le sujet principal de mon film. L’avantage d’inscrire ces éléments dans le film noir m’a permis de garder une certaine distance par rapport à ce qui m’est intimement cher.

Je veux faire des films personnels mais qui soient vus !

Le film noir pour moi est un moyen d’ausculter la réalité d’aujourd’hui. Comme dans les polars, on évoque ici les peurs d’une société qui perd ses repères. Il était aussi très important pour moi d’aller vers un film plus grand public. L’inscrire dans un film de genre le permettait. Je veux faire des films personnels mais qui soient vus ! J’aime me promener de la télé au cinéma, du documentaire au film plus grand public. Lorsqu’avec mon producteur on se demandait ce qu’était le film, on répondait : “C’est une voiture, un homme, une voix”, comme Travis dans Taxi Driver en quelque sorte.

Des acteurs venus d’univers différents

Choisir Kad Merad me semblait fou, délirant…

On m’a proposé Kad Merad parce qu’il est très populaire bien sûr mais surtout parce qu’il n’avait jamais fait ça. Il était primordial pour moi de ne pas “refaire” quelque chose avec un acteur. Je voulais réunir des gens d’univers différents. Le choisir me semblait fou, délirant mais je lui ai quand même envoyé le scénario. J’avais du mal à le voir dans ce rôle puis on s’est rencontré. Il était grand, costaud, avec une voix posée, il me parlait très bien de mon scénario, on s’est compris tout de suite. Cela a été une évidence. Puis je l’ai emmené rencontrer mon père…

Le couple Pailhas/ Merad m’excitait car il se passait quelque chose.

Le couple Pailhas/ Merad m’excitait car il se passait quelque chose. Géraldine Pailhas avec qui j’ai tourné pour la télé (Une Nouvelle vie) est selon moi LA femme par excellence, une vraie femme à qui je pense qu’on peut s’identifier, qui peut tout être. A la fois puissante, gracieuse, commune ou très belle. Lola Creton de même… J’avais vu Un amour de jeunesse de Mia Hansen-Love et Après mai d’Olivier Assayas où j’aimais son côté à la fois enfantin et féminin. Elle a quelque chose de très secret, elle est d’une précision diabolique. On la voit peu dans le film mais elle est tout le temps “là”.

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Et après ?

Après Disparue en hiver, je repars sur un nouveau scénario avec le même producteur Stéphane Marsil et le même coscénariste Pierre Chosson. Un nouveau projet ambitieux, différent mais avec des thèmes qui reviennent ; un film sur le dépassement de soi, le rapport à l’amour et à l’amitié, la culpabilité. Le début du film et la fin se passent à La Réunion ( ndlr : où a lieu notre rencontre), qui me permet de m’intéresser à la vie des insulaires et à la sauvagerie de la nature…

Propos recueillis au Festival de La Réunion, le 9 Octobre 2014.

Découvrez un Kad Merad sombre et mystérieux dans “Disparue en hiver”

Disparue en hiver Bande-annonce VF